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L'après, l'ici et maintenant
29 avril 2012

Une éthique de vie pour le 21° siècle

               

 

 

                          Une éthique de vie pour le 21° siècle

 

Retour en 1976. Life after life à peine paru, Raymond Moody est pris d’une panique : ses descriptions d’un éventuel au-delà ne vont-elles pas provoquer une vague de suicides ? C’est compter sans la prolongation des effets paradoxaux de l’étonnant phénomène. On parle de souffrance et de mort, mais il est surtout question de vie et de responsabilité. Au point que le jeune psychiatre se demande s’il ne faudrait pas plutôt parler de “ Near Life Experience ” : expérience de vie imminente ! Raymond Moody se rassure au fil des nouveaux cas qui, bientôt pris en charge par l’institut de sondage Gallup, s’avèrent innombrables (George Gallup lui-même publie bientôt un livre, Adventures in immortality (1982, éd. McGraw-Hill), où il est question de huit millions de rescapés pour les seuls États-Unis). Il se dégage de leurs récits un paysage humain qui pousse à tout sauf au suicide.

En 1986, dans sa partie la plus spéculative, la plus métaphysique et, pourrait-on dire, la plus science-fiction, La Source Noire s’achevait sur les hypothèses de Kenneth Ring concernant un éventuel « éveil collectif de la kundalini », c’est-à-dire un brusque et puissant éveil des consciences, touchant non seulement quelques personnes, mais le genre humain tout entier. Le psycho-sociologue américain se demandait si la multiplication des NDE ne serait pas le signe d’une accélération du processus d’hominisation, dans la mesure où les rescapés de la mort ayant connu une NDE présentaient, presque systématiquement, un certain éveil des qualités requises pour traverser la grande crise humaine actuelle.

À l’échelle de l’individu, la mutation provoquée par la NDE peut aller jusqu’à l’apparition de qualités extra-ordinaires : don de voyance, de guérison, etc. Cependant, pour le Pr. Ring et ses collègues, le plus important se jouait dans l’ordinaire : une sorte de convivialité fondamentale semblait avoir pris chair chez ces rescapés. Comme si l’humain possédait en puissance, dans ses profondeurs secrètes, la possibilité de transcender enfin l’ego infantile qui l’empêche de surmonter le mensonge, la cupidité, la brutalité, la myopie fondamentale... et que ces potentialités avaient besoin d’un choc pour se réveiller.

Considérant la multiplication des cas de NDE, le fondateur de l’IANDS se demandaient donc si, frôlant actuellement de près la mort de notre espèce elle-même (par famine, pollution, surpopulation, surarmement, ethnocide, etc.), nous ne nous apprêtions pas à vivre une sorte de gigantesque « NDE collective », d’où l’humanité, franchissant un saut évolutif, sortirait à jamais métamorphosée : amoureuse, intelligente, conviviale, coopérante, drôle, humble, incarnée, érotique, dansante, ivre d’aventure cosmique...

Depuis mes enquêtes des années 80, qu’ai-je trouvé de neuf pour infirmer ou confirmer ces faramineuses hypothèses ? Rien. Et pourtant...

En dépit des horreurs humaines, sourd l’idée que notre mystérieuse hominisation - ou humanisation - pousse dans le sens de cette vision apparemment utopique, et qu’il s’agit là d’un processus qui se vit à la fois à l’échelle géologique, sur des millions d’années, et à l’échelle individuelle, le temps d’une simple existence humaine. Quelle lumière les NDE sont-elles venues projeter sur cette vision ? En y réfléchissant, je me rends compte que, finalement, ce qui compte pour moi, dans l’épais dossier des NDE, tient plus à l’action qu’à la connaissance : la NDE - qui devrait assurément s’appeler la EEI, l’expérience d’éveil imminent, ou la NLE, near life experience - ouvre la voie à une éthique capable d’affronter le XXIe siècle.

L’un des moments clé est la fameuse « revue de vie ». Les témoins qui ont eu la chance de traverser cet épisode - où, en un éclair, toute leur existence leur est revenue en mémoire - disent qu’ils ont alors fait une immense découverte, comme si un voile se déchirait sous leurs yeux jusque-là atteints de cataracte spirituelle : ce qu’ils avaient cru important dans leur vie, voire essentiel, en bien ou en mal, ne l’était en réalité que peu. Leurs grands motifs de fierté ou de honte ne comptaient guère. La plupart de ces « grands événements » s’étaient joués en dehors d’eux - déterminés par leur société, leur classe, leur généalogie, leur enfance, le hasard des rencontres... Par contre, essentiels leur étaient apparus les détails, apparemment insignifiants, de la vie quotidienne - jusqu’à un sourire, donné ou refusé, un matin, au coin d’une rue, à un inconnu. Là, leur liberté avait été à totale - mais de cela, ils s’étaient, la plupart du temps, contrefichus, en parfaits somnambules.

Ils le regrettent à présent, bien décidés à réformer leur vie dans le sens d’une acceptation sereine de ce qu’il est impossible de changer et d’un désir d’action décuplée sur les détails qui constituent les véritables chemins de la liberté.

Voir défiler toute sa vie à la lumière de cette remise en cause fondamentale, métamorphose l’échelle des valeurs de la plupart de ceux qui vivent une NDE. Dire qu’ils réussissent ensuite toujours à intégrer ces nouvelles valeurs serait une grave exagération - mais il y a bien une avancée, dont le sens est clair, sans ambiguïté. L’erreur serait d’en déduire que toute action d’envergure, en particulier toute action politique, serait vaine et qu’il faudrait accepter, telles des caricatures orientales, les grandes fatalités du monde, pour ne prêter attention qu’aux fourmis que nous risquerions d’écraser sur notre route. Mais peut-être les engagements les plus grandioses se jouent-ils, eux aussi, sur des « détails » ? Les grands hommes politiques ne donnent-ils pas, parfois, l’impression de n’être que les jouets des événements - leur essentiel se jouant ailleurs, là où leur responsabilité rencontre le pouvoir de leur véritable liberté ?

L’autre leçon éthique qui se dégage de la « revue de vie » fait penser au déchirement d’un autre voile : l’existence de la personne s’y rejoue dans une absolue compassion, sans jugement. Certains témoins rapportent en effet qu’ils n’ont pas seulement revu défiler leur vie, mais qu’ils l’ont revécue, telle qu’ils l’avaient eux-mêmes une première fois vécue, mais aussi telle que l’avaient vécue tous ceux qu’ils avaient influencés. De cette compassion, ils étaient ressortis plus disponibles à la vie et à de véritables relations avec les autres.

Le résultat de cette double réminiscence, spontanément exprimée par certains rescapés, les a obligés à reconsidérer la notion judéo-chrétienne de jugement : “ En fin de vie, disent-ils, chacun se jauge lui-même à l’aune d’une échelle de valeurs strictement personnelle. ” Autre résultat : la majorité des rescapés adhère désormais (bien que de façon variable, et non conforme au sens habituel du terme) à l’idée de “ réincarnation ”.

Pour Kenneth Ring et les membres des différentes antennes IANDS (qui se constituent, à la fin des années 80, en Angleterre avec le Dr David Lorimer, en Belgique avec le Dr Marie Haumont, en France avec les anthropologues Evelyne-Sarah Mercier et Louis-Vincent Thomas, puis en Hollande, en Allemagne, en Italie...), ces leçons tirées de la “ revue de vie ” ouvrent la route à une nouvelle éthique.

Ring n’hésite pas à parler, dans En route vers Omega (éd. Le rocher), d’une “ mutation noétique ” d’Homo sapiens. Il faut préciser que beaucoup de rescapés rapportent, parallèlement à leurs récits d’extase, des vision terrifiantes d’humanité en perdition. Le psycho-sociologue veut y voir le symbole d’une EMA/NDE collective : notre espèce doit frôler sa propre disparition pour enfin s’éveiller aux nécessités d’un comportement radicalement différent (sur le plan de l’écologie, de la politique, de l’économie...).

Plus simplement, on pourrait dire que le regard des rescapés de NDE sur la façon dont nous pourrions être amenés à nous jauger/juger nous-mêmes avant le grand saut - ou le grand effacement dans la Suprême Vacuité -, peut vous nourrir à satiété. Sur une telle perspective, il est en effet possible de bâtir une morale solide et transmissible. Nous y retrouvons les principes écologiques horizontaux que l’humanité moderne a oubliés - ce que tu fais aux autres, aux animaux, aux plantes, aux rivières, c’est à toi-même que tu le fais. Absolue nécessité de la relation aux autres : celui qui n’aurait jamais interagi avec quiconque ne ressentirait rien, et serait en quelque sorte poussé vers le néant. Celui qui a beaucoup interagi ressentira une galaxie d’émotions et de sentiments, de qualités extrêmement variées...

C’est ce que l’on pourrait appeler une éthique de vie pour le XXI° siècle.

 

Souce : http://www.cles.com

 

 

 

                       
                      

 

  

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  • Ce blog s'adresse à ceux qui s'interrogent sur l'après, la mort, le grand départ. Je fais partie de ceux qui sont morts et sont revenus. Depuis cette expérience, mon appréhension du monde, de l'univers de la réalité est bouleversé.
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