Dieu, notre mère

25 septembre 2012

Écrit par Marie-jeanne Denis

Pour 72 % des chrétiens, Dieu est "père" et il n'est "mère" que pour 10 % d'entre eux (enquête UOCF-Panoram). Dans l'imagerie populaire, dans l'art aussi bien que dans les subconscients, Dieu a des attributs masculins. Il est le Créateur, le Dieu des Armées, le Maître de l'Univers, le Pasteur de ses brebis.

Il est pourtant bien écrit dans le Livre de la Genèse : "Homme et Femme Il les créa, à son image Il les créa". Ce qui signifie que tout humain est contenu en Dieu, aussi bien le masculin que le féminin. Pour redonner tout son sens à cette notion, nombre de théologiennes se sont livrées à des études linguistiques des Écritures pour retrouver la véritable signification de certains mots.

Dans Dieu au féminin (éd. Le Centurion), l'exégète Virginia R. Mollenkott, passe au peigne fin les pages de la Bible pour y débusquer les images féminines de Dieu et sa récolte est assez étonnante. Elle mentionne, comme bien d'autres avant elle, les mots hébreu du genre féminin qui désignent Dieu : la "Shékina" employé pour exprimer la toute présence de Dieu ; "Rûah" pour exprimer son souffle, l'esprit ; "rehem" qui signifie utérus et est employé pour signifier la miséricorde, sans oublier le mot grec "sophia" qui désigne la sagesse de Dieu. L'histoire des mots dénonce d'elle-même la misogynie des cultures et des traducteurs qui n'ont eu de cesse, au cours des siècles, d'étouffer le prophétisme des Écritures. Est-ce un hasard par exemple, si la "Rûah", féminin en hébreu, est devenu le "pneuma", neutre en grec, et enfin le "spiritus", masculin en latin ? Comme l'écrivait St Thomas d'Aquin au XIIIè siècle, "Dieu n'est pas dans le genre", il est au-delà de toutes les catégories créées, sexuelles ou autres.