L' Amour de l'Abbé Pierre

                                  

                 L 'Amour de l'Abbé Pierre 

<< Je veux être le plus pauvre parmi les pauvres ! Ma place n'est pas parmi vous, mais au fond d'un cloître. >>  Henri Grouès est né à Lyon le 5 août 1912, dans une famille très chrétienne. Cinquième de huit enfants, il n’a que onze ans lorsque son père l’emmène avec lui apporter des soins aux pauvres de la Cité Rambaud, à Lyon. Le jeune Henri restera marqué à vie par cette rencontre. Après des études au Collège des Jésuites de Lyon, il entre chez les Capucins, où il restera sept ans. Ayant renoncé à sa part du patrimoine familial, il prend le nom de Frère Philippe et est ordonné prêtre le 24 août 1938. Sa santé fragile ne lui permettant pas de demeurer au cloître, il est relevé de ses vœux monastiques et rejoint le diocèse de Grenoble à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. << L'on ne conquiert que par le don de soi. >>         Grâce à sa connaissance de la montagne, il apporte, dès 1942, son soutien aux victimes de la barbarie, en devenant passeur vers la Suisse. Résistant, il guide, à partir de 1943, les réfractaires vers les maquis de la Chartreuse, puis du Vercors. Il est aidé dans ces actions par Mademoiselle Lucie Coutaz, sa secrétaire, qui fondera avec lui le Mouvement Emmaüs. C’est alors que, recherché par la Gestapo et la Milice, il prend le nom d’« Abbé Pierre ». Arrêté à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), sur dénonciation, il réussit à s’évader, puis à rejoindre l’Algérie, où il rencontre le Général De Gaulle pour la première fois. << Mes amis ! Réveillons-nous ! Assez d'injustices ! >>              Sollicité par d’anciens compagnons pour se présenter au Parlement, il devient député de Meurthe-et-Moselle de 1945 à 1951. Soucieux d’intervenir auprès des plus nécessiteux, il accueille dans sa maison de Neuilly-Plaisance (Val-de-Marne), devenue auberge de jeunesse internationale, des jeunes du monde entier ayant perdu espoir suite aux horreurs commises pendant la guerre. Baptisée Emmaüs, du nom du village où les disciples de Jésus reprirent espoir lorsqu’ils le reconnurent, cette auberge devint, par la suite, un centre d’hébergement pour adultes, puis pour familles en difficulté. Avec les premiers compagnons d’Emmaüs, ces personnes appelées à aider pour trouver un sens à leur vie, l’Abbé Pierre construit, sans permis, des maisons et des camps d’urgence. Suite à l’appel « Mes amis, au secours… » du 1er février 1954, il reçoit dix milliards de francs du Parlement, avec lesquels il fait construire 12 000 logements d’urgence en France. << Tout le Mouvement réside dans cette idée : on est sauvé lorsqu'on est devenu sauveur. >> Sollicité de toutes parts, il parcourt le monde entier et assiste à la création de communautés d’Emmaüs dans toutes les régions du globe. Conscient de la fragilité de son initiative, il formalise l’émergence du Mouvement Emmaüs à la fin des années 1960. L’association Emmaüs International, organe de liaison et d’entraide mutuelle entre les membres à travers le monde, naît le 4 juillet 1971. L’organisation du Mouvement achevée, l’Abbé Pierre n’interviendra plus dans la gestion courante des groupes. Mais, sa parole publique restera toujours très attendue et très écoutée. Il n’aura de cesse de rappeler, jusqu’à sa mort le 22 janvier 2007, son indignation devant l’injustice, l’exclusion et l’acceptation de la misère.