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L'après, l'ici et maintenant
6 juin 2015

La conscience

Ervin Olaf – Paradise The Club 

Photo Ervin Olaf

 

 

 

Que dit ta conscience?
Tu dois devenir celui que tu es.  Nietzsche
 

 

La Conscience
Quelques Définitions:

Etymologie: origine latine : conscire (avoir conscience de). "Conscire" a aussi donné conscienita (connaissance).

Définition générale : Faculté qu’a l’homme de connaître sa propre réalité et de la juger

Définition générale philosophique : Intuition plus ou moins claire ou complète qu’a l’esprit de ces états et de ces actes. Cette définition est approximative car il est difficile de réduire la conscience en éléments simples, car elle est une donnée, un élément fondamental de la pensée.
On pourrait dire que la conscience c’est ce que nous sommes de moins en moins quant nous tombons dans un sommeil sans rêve et de plus en plus lorsque l’on commence à s’éveiller.

 

Quelques citations:

"Connaît-toi toi-même" (Socrate V° siècle AVJ).

"Je pense donc je suis" (en latin : cogito, ergo sum). Cogito est un terme que vous rencontrerez souvent avec Descartes notamment. (Descartes 1637). Descartes établie donc une première vérité : il est.

"La conscience est un produit social" (Karl Marx 1846).

"La seule façon d’exister pour la conscience est d’avoir la conscience d’exister" (Jean Paul Sartre 1943).

 

 

 

Texte D'ÉPICTÈTE (v.50-v.130)

Quand on ignore qui on est, pourquoi on est né, dans quel monde et avec quels compagnons on vit, ce qu'est le bien et le mal, le beau et le laid, quand on ne connaît rien à la démonstration ni au raisonnement ni à la nature du vrai et du faux, quand incapable de les distinguer, on ne se conforme à la nature ni dans ses désirs, ni dans ses aversions, ni dans sa volonté, ni dans ses intentions, ni dans ses assentiments, ses négations ou ses doutes, on tourne de tout côté comme un sourd et un aveugle, on croit être un homme et l'on n'est personne. Depuis que la race humaine existe, toutes nos fautes, tous nos malheurs ne sont-ils pas nés d'une pareille ignorance ?

 

 

Texte de Jean Jacques Rousseau (1712-1778)

Profession de foi du vicaire savoyard

Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans principe.
Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de philosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensés de consumer notre vie à l'étude de la morale, nous avons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions humaines. Mais ce n'est pas assez que ce guide existe, il faut savoir le reconnaître et le suivre. S'il parle à tous les cœurs, pourquoi donc y en a-t-il si peu qui l'entendent ? Eh ! c'est qu'il nous parle la langue de la nature, que tout nous a fait oublier. La conscience est timide, elle aime la retraite et la paix ; le monde et le bruit l'épouvantent : les préjuges dont on la fait naître sont ses plus cruels ennemis ; elle fuit ou se tait devant eux : leur voix bruyante étouffe la sienne et l'empêche de se faire entendre ; le fanatisme ose la contrefaire, et dicter le crime en son nom. Elle se rebute enfin à force d'être éconduite ; elle ne nous parle plus, elle ne nous répond plus, et, après de si longs mépris pour elle, il en coûte autant de la rappeler qu'il en coûta de la bannir.

 

 

De Friedrich Nietzsche (1844-1900):

La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu'il y a de moins accompli et de plus fragile en elle. C'est de la vie consciente que procèdent d'innombrables faux pas, actes manqués qui font qu'un animal, un être humain périssent avant qu'il n'eût été nécessaire— »en dépit du destin », comme dit Homère. N'était le lien conservateur, infiniment plus fort, des instincts, n'était la vertu régulatrice qu'il exerce dans l'ensemble, l'humanité devrait périr du fait de ses jugements pervertis, de ses délires à l'état de veille, de son manque de fondement et de sa crédulité, bref de sa vie consciente même : ou bien plutôt sans tous ces phénomènes l'humanité au ! ait disparu depuis longtemps ! Avant qu'une fonction soit développée et mûre, elle constitue un danger pour l'organisme : tant mieux si pendant ce temps elle est rudement tyrannisée ! Ainsi se voit rudement tyrannisée la conscience et sans doute sa propre fierté n'est-elle pas ici la moins tyrannique ! 
On croit que c'est là le noyau de l'homme : ce qu'il a de permanent, d'éternel, d'ultime, de plus originel ! On tient la conscience pour une quantité stable donnée ! On nie sa croissance, ses intermittences ! On la conçoit comme « unité de l'organisme » !—Cette surestimation et cette méconnaissance ridicules de la Conscience ont eu pour heureuse conséquence d'éviter son élaboration trop rapide. Parce que les hommes croyaient déjà posséder la conscience ils se sont donné d'autant moins de mal à l'acquérir,— et aujourd'hui encore il n'en est guère autrement ! S'assimiler le savoir, se le rendre instinctif, voilà qui constitue une tâche absolument nouvelle, à peine discernable, dont le regard humain devine tout juste la lueur—une tâche qui n'est discernée que de ceux qui ont compris que seules jusqu'à présent nos erreurs s'étaient assimilées à nous et que toute notre conscience ne se rapporte qu'à des erreurs !

 

 

 

Textes de Henri Bergson sur la Conscience

Texte donné au baccalauréat.

On ne se lasse pas de répéter que l'homme est bien peu de chose sur la terre, et la terre dans l'univers. Pourtant, même par son corps, l'homme est loin de n'occuper que la place minime qu'on lui octroie d'ordinaire, et dont se contentait Pascal lui-même quand il réduisait le corps à n'être, matériellement, qu'un roseau. Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s'applique, il est coextensif à notre conscience, il comprend tout ce que nous percevons, il va jusqu'aux étoiles. Mais ce corps immense change à tout instant, et parfois radicalement, pour le plus léger déplacement d'une partie de lui-même qui en occupe le centre et qui tient dans un espace minime. Ce corps intérieur et central, relativement invariable, est toujours présent. Il n'est pas seulement présent, il est agissant : c'est par lui, et par lui seulement, que nous pouvons mouvoir d'autres parties du grand corps. Et comme l'action est ce qui compte, comme il est entendu que nous sommes là où nous agissons, on a coutume d'enfermer la conscience dans le corps minime, de négliger le corps immense... Mais la vérité est tout autre, et nous sommes réellement dans tout ce que nous percevons.

L'énergie spirituelle, Essais et conférences, chapitre I, La conscience et la vie.
Texte donné au baccalauréat.

Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'en retire. Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix ; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.

L'évolution créatrice, P.U.F., p. 264.

Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrive sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.

 

 

 

Texte d'Alain

Texte donné au baccalauréat.

L'âme c'est ce qui refuse le corps. Par exemple ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapper quand le corps s'irrite, ce qui refuse de boire quand le corps a soif, ce qui refuse de prendre quand le corps désire, ce qui refuse d'abandonner quand le corps a horreur. Ces refus sont des faits de l'homme. Le total refus est la sainteté ; l'examen avant de suivre est la sagesse ; et cette force de refus c'est l'âme. Le fou n'a aucune force de refus ; il n'a plus d'âme. On dit aussi qu'il n'a plus conscience et c'est vrai. Qui cède absolument à son corps soit pour frapper, soit pour fuir, soit seulement pour parler, ne sait plus ce qu'il fait ni ce qu'il dit. On ne prend conscience que par opposition de soi à soi. Exemple : Alexandre à la traversée d'un désert reçoit un casque plein d'eau ; il remercie, et le verse par terre devant toute l'arme. Magnanimité ; âme, c'est-à-dire grande âme. Il n'y a point d'âme vile ; mais seulement on manque d'âme. Ce beau mot ne désigne nullement un être, mais toujours une action.

 

 

 

 

Synthése:

Etre conscient, c’est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu’on agit, qu’on sent et qu’on pense. L’homme, dans la mesure où il est conscient, n’est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants. Il est au contraire devant le monde et ce vis-à-vis lui donne la possibilité de connaître, de comprendre, de juger et de transformer (intervenir) ce monde.


Cette proximité, l’homme la aussi avec lui-même. Il a conscience de lui-même à travers ces actes, sentiments ou pensées, mais cela ne lui donne pas pour autant une entière intelligibilité de lui-même. Tous nos actes sont ils compréhensibles ? L’expérience du remord, de la souffrance révèlent les contradictions qui habitent l’homme. Ces contradictions sont autant d’obstacles à la connaissance de soi et nous éloignent d’un rassurante identité.


Cette conscience est alors une grandeur ou une misère de l’homme ? Etre conscient est le propre de l’homme elle constitue sa grandeur et sa dignité. Mais cette conscience arrache l’homme de l’innocence du monde naturel et connaît par elle sa misère.


L’homme oscille souvent entre deux attitudes.
- L’anthropomorphisme : tendance à prêter à tout être une conscient semblable à la sienne, se donnant ainsi presque magiquement une familiarité et un intimité avec le monde.
- L’anthropocentrisme : émerveillement d’être le seul témoin de ce monde et considère que l’univers converge vers lui ou même n’existe que pour lui.

Cette distance que la conscience ouvre entre soi et le monde ou entre soi et soi offre un espace à l’examen, au questionnement et au doute. La conscience avant d’être une question philosophique, est la condition qui rend possible la pensée elle-même. L’oracle de Delphes et son injonction « connais-toi toi même ! » ouvre l’espace aux questionnements sur les savoirs et les certitudes. Socrate au terme se son questionnement ne sait qu’une chose : « il ne sait rien ». Ce non-savoir est conscient et c’est une forme de sagesse.

La pensée offre une possibilité de critique sur les certitudes et ouvre la voix à un savoir véritable qu’elle ne possède pas. C’est avec Descartes que la conscience acquiert un véritable droit de cité philosophique et une signification positive, à la fois comme fondement et comme modèle de toute vérité. Descartes propose de se défaire au moins un fois dans sa vie de toutes les idées et de toutes les croyances reçues pour les soumettre à l’épreuve du doute. Il découvre alors que l’unique certitude qui résiste au doute est « Cogoto ergo sum », « je pense donc je suis ». Ainsi dès que je pense et au moment où je pense, j’ai en même temps et nécessairement conscience d’exister. Sujet et objet , pensée et être sont ici confondus. La formulation du « cogito » constitue le modèle d’une vérité.
Cette certitude qui se dégage est la plus assurée mais aussi la plus pauvre. Je sais que je suis mais par encore qui je suis. Cette certitude porte sur l’existence mais non sur l’essence du sujet pensant.

La question reste entière en ce qui concerne la nature de ce « je » qui pense. Ce passage du « je » au « moi », c’est engagé l’hypothèse de l’identité et de la permanence du sujet pensant à travers la diversité de ses représentations. Le sujet devient une substance. Descartes sépare cette substance pensante du corps. Il introduit ce dualisme entre l’âme et le corps et la question de leur union.

Pour Kant l’identité le « je » n’est que le résultat d’une activité. Elle est une fonction nécessaire de la pensée mais ne me livre pas la connaissance de moi-même comme substance. Kant conçoit l’identité plus comme un pouvoir d’identification. Ce pouvoir permet d’identifier des relations entre les objets saisis en des lieux et des temps différents. Cela permet alors de les poser (ces objets) comme identique. Ils sont saisis ensemble dans ma conscience. Cette unité originaire de la conscience de soi procure aux représentations leur cohérence. Si cela n’était pas le cas, le monde serait un chaos, nous aurions un « moi » aussi divers qu’il y a de représentations dont nous avons conscience. Le monde ou le « moi » ne sont par conséquent des objets de connaissance possible que sous la condition préalable du pouvoir de synthèse d’un sujet. La conscience de soi n’est pas et ne peut pas être la connaissance de soi.

Il semble qu’il y ait un paradoxe pour un sujet c’est cette impossibilité d’atteindre une connaissance de soi. Cette capacité de la conscience a de se retourner sur elle-même. Il faut alors distinguer la conscience immédiate ou directe, c’est celle qui accompagne les actes du sujet. Et la conscience réfléchie c’est celle dans laquelle le sujet se ressaisit lui-même comme conscience. On distingue en fait, être conscient et être conscient d’avoir conscience.
Cette nécessité pour la conscience d’exister comme conscience d’autre chose qu’elle-même donne tout son sens à la formule de Hurserl : « toute conscience est conscience de quelque chose ». Se rapporter à quelque chose suppose donc une distance irréductible du sujet à l’objet qu’il vise. Que cet objet soi le monde ou lui même.
Cela ne signifie pas que le sujet soi mis à l écart de ses souvenirs ou de ses projets. Au contraire la conscience est d’abord projet ou intentionnalité. Cette intentionnalité que la conscience permet transporte vers un ailleurs, vers un avenir. Elle donne au monde un sens et y introduit une orientation. Le monde avant d’être un objet à contempler c’est d’abord un sens à effectuer ou à réaliser.

L’homme pour une part reste obscur à lui-même, c’est pourquoi la conscience reste un sujet centrale de préoccupation. Elle ne peut plus être pensée simplement comme le modèle de toute vérité en quoi se trouverait réalisée l’adéquation du sujet à l’objet dans une pure transparence à soi.
Des penseurs comme Marx, Freud ou Nietzsche ont porté le doute à l’intérieur de la conscience elle-même. Ils voient en elle une source d’illusions, dont la plus tenace est sans doute celle d’une liberté ou d’une autonomie du sujet dont la conscience prétend justement témoigner. La conscience ne détient pas sur elle-même la vérité du sens de ses pensées ou de ses actes. Il faut alors la chercher ailleurs, dans le corps pour Spinoza, dans les structures sociales pour Marx ou dans nos instincts les plus reculés selon Nietzche.

 
 

 

 

 


 

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