Hildegarde von Bingen

16 septembre 2015

Photo Alastair Magnaldo

Résolument contemporaine et avant-gardiste,

Hildegarde von Bingen

est l'un des esprits les plus inspirants du Moyen Age.

Une visonnaire et prophétesse intemporelle

Compositrice, musicienne, poétesse, théologienne, mystique, guerisseuse, botaniste, écrivaine, oratrice, voyageuse... Sa musique, et les oeuvres littéraires et scientifiques sont aujourd'hui toujours aimés et son influence sur la médecine holistique est en croissance. Elle fut la première femme qui a écrit sur la sexualité féminine.

Elle transmet la loi : amour, joie, sacré, beauté et même sensualité.

Dieu ne se plait que dans les rires et la joie. Telle est la loi et la prière.

Elle veut faire de chaque homme un temple. Dieu est à l'intérieur de nous et non à l'extérieur.

<< O, homme tu as en toi le ciel et la terre,

fais de ce monde un ciel sur la terre... >>

Hildegarde von Bingen a reçu du ciel un enseignement magistral sur tous les règnes de la nature : les éléments, les pierres précieuses, les végétaux, les animaux des plus minuscules aux plus gigantesques.

Elle nous donne cette vision de " l'homme total " (corps âme et esprit), joyau de toute la création, centre même du cosmos, à l'image et ressemblance de la Trinité sainte, Dieu.

<< Au milieu du cosmos se dresse l'homme, car il est plus important que toutes les autres créatures, qui demeurent dépendantes du monde. Bien qu'il soit, certes, petit de taille, il est cependant puissant par la force de son âme. Sa tête est dirigée vers le haut et ses pieds s'appuient sur un fondement ferme. Il peut donc mettre en mouvement aussi bien les choses les plus élevées que les plus basses >>.

<< L'âme qui est vie, par cette vie qui est Dieu >>

En se faisant homme, Dieu attire à lui tous les hommes dans le Christ total, l'alpha et l'oméga qui résume en lui toute la création afin de la ramener dans le sein du père.

Elle nous dépeint avec finesse les circonstances glorieuses de notre création, l'infortune de la chute, la grâce de l'incarnation et de la rédemption.

<< Écris ce que tu vois et entends!

Révèle les merveilles que tu as connues!

Écris-les et parle! >>

D'abord effrayée par ces paroles puissantes... Hildegarde nous a transmis fidèlement ce que le ciel lui révèlait.

Hildegarde est née en 1098 à Bermersheim, à 25 km au sud de Mayence, dans un pays de légende, de parents nobles chevaliers. Cadette de dix enfants, comme le voulait l'usage, elle fut consacrée à Dieu par ses parents et nous décrit ainsi son enfance :

<< C'est alors que je suis née et qui, dans de saints désirs, mes parents me vouèrent à Dieu. A l'âge de trois ans, je vis une si grande lumière, que mon âme en fut toute pénétrée ; mais à cause de mon jeune âge, je ne pus rien dire de ces merveilles. Dans ma huitième années, je suis offerte à Dieu dans une intimité spirituelle ; jusqu'à l'âge de quinze ans, j'ai eu beaucoup de visions merveilleuses qui suscitaient l'admiration de ceux qui les entendaient. >>

Ces visions l'ont accompagnée tout au long de sa vie. Elle ne connaissait pas cependant ces extases typiques des mystiques, mais se trouvait suspendu entre terre et ciel, soumise aux influences terrestres et célestes en même temps :

<< Quand il plaît à Dieu, mon âme monte dans une vision sur les hauteurs du firmament et dans un air nouveau ; elle se répand au milieu de peuples divers, habitant des régions et des pays fort éloignés de moi... C'est choses, je ne les vois pas avec les yeux du corps et ne les entends pas avec mes propres oreilles ; je les vois uniquement en mon âme, les yeux du corps restant ouverts, si bien que je n'éprouve jamais la perte de conscience qui se produit dans une extase. Je suis éveillée quand je vois cela, que ce soit de jour ou de nuit. >>

<< En l'an 1141, lorsque j'avais quarante deux ans et sept mois, une lumière d'un éclat éblouissant venant du ciel entrouvert, pénétra tout mon esprit, tout mon coeur et tout mon être, comme une flamme qui échauffe sans consumer, comme le soleil réchauffe un objet sur lequel il darde ses rayons. La lumière que je contemple n'est pas liée à l'espace. Elle est beaucoup, beaucoup plus vive qu'une nuée porteuse de soleil. Je ne puis en déceler ni la hauteur, ni la longueur, ni la largeur. On me dit que c'est l'ombre de la Lumière de Vie... Soudain le sens des Écritures, des Psaumes, des Évangiles et des autres livres du Nouveau et de l'ancien Testament, m'était dévoilé. >>

Au coeur même de cette Lumière Vivante, il lui est permis de contempler la fulguante image du Verbe incréé, préfiguration de l'être humain qui devaient être marqué de son sceau et porter au plus profond de lui-même son image et ressemblance :

<< Je contemplais alors dans le secret de Dieu, au coeur des espaces aériens du midi, une merveilleuse figure. Elle avait apparence humaine. La beauté, la clarté de son visage étaient telles qu'il eût été plus facile de regarder le soleil que de contempler ce visage. >>

Comme dans toutes ses visions, voici que l'image s'anime et se met a lui livrer ses secrets les plus intimes, qui nous révèlent la tout première impulsion de vie :

<< C'est moi l'énergie suprême, l'énergie ignée. C'est moi qui ai enflammé chaque étincelle de vie. Rien de mortel de moi ne fuse. De toute réalité je décide. Mes ailes supérieures englobent le cercle terrestre ; dans la sagesse, je suis l'ordinatrice universelle. Sans origine, sans terme, je suis cette vie qui, identique, persiste, éternelle. Cette vie, c'est Dieu. >>

Comment décrire cette vie divine dans son essence ? Est-elle inerte et stable ou bien le théâtre de secrètes opérations ?

<< Elle est perpétuel mouvement, perpétuelle opération et possède une triple énergie. L'Éternité, c'est le Père. Le Verbe, c'est le fils, le souffle qui relie les deux, c'est l'Esprit Saint. Dieu l'a représenté dans l'homme : il a en effet un corps, une âme et une intelligence. >>

Et elle nous révèle en un seul mot ce que définit la dynamique interne de la sainte Trinité :

<< Elle est Amour : au sein de l'énergie de la déité perenne, dans le mystère de ses dons, elle est merveille d'une insigne beauté. Si elle a l'apparence humaine, c'est que le Fils de Dieu s'est revêtu de chair, pour arracher l'homme à la perdition dans le service de l'Amour. >>

Par dessus tout, Hildegarde nous replace dans le plan d'amour du Seigneur qui nous appelle toujours davantage à le rejoindre dans son royaume.

Considérons la création comme un jardin fleuri où nous sommes invités à marcher, à danser et à chanter avec le gazouillis des sources... Dès lors, notre santé devient rayonnante car elle prend sa source dans le jardin embaumé de la vie divine.

Notre responsabilité vis-à-vis de notre créateur, de notre prochain, de la nature et de nous-même est fondamentale :

Notre vie ne se limite pas à notre petite individualité, elle plonge ses racines dans la vie divine qui nous donne le souffle à chaque instant, et rayonne sur tout ce qui existe ; le moindre de nos faits et gestes, la manière dont nous usons du don sublime de notre naissance ont des répercussions inimaginables, qui s'étendent jusqu'aux confins de l'univers, visible et invisible. S'ils sont positifs, ils régénère ; s'il sont négatifs, ils détruisent.

Hildegarde fut comblée de ces fulgurances célestes, sur la nature même de cette "lumière vivante" d'où tout procède, et à laquelle nous sommes invités à nous unir. Le chant est la marque de l'harmonie divine qui s'exprime, l'âme est une symphonie.

Hildegarde de Bingen — Wikipédia

Un excellent reportage de Hildegarde de Bingen, lumière de Dieu

"Visions" Hildegarde von Bingen film en Français