28 février 2014
Réduire l'effet des mauvais souvenirs
Photo Egor Shapovalov
Un anti-migraineux pour réduire l'effet
des mauvais souvenirs
Scénario :
Et si un jour vous receviez une carte vous disant que votre moitié
vous a effacé de sa mémoire ?
Joel désespéré décide de faire la même chose à son tour...
Réalisé par Michel Gondry
VIDEO. La bande annonce d' « Eternal Sunshine of the Spotless Mind »
Si effacer les mauvais souvenirs à la manière du film « Eternal Sunshine » n'est pas (encore) possible, des scientifiques parviennent désormais à en réduire la charge émotionnelle. Pas de lavage de cerveau nécessaire, un simple anti-migraineux suffit : le Propanolol, un médicament de la classe des bêtabloquants.
de Jon Brion.
Un secret nommé Propanolol
Des chercheurs du laboratoire de stress traumatique de Toulouse (Haute-Garonne), rattaché à l'université Paul-Sabatier et au CHU, développent depuis 2007 ce traitement innovant, raconte ce dimanche le site de « La Dépêche du midi ». Pour l'instant, une quarantaine de patients dans le monde en ont bénéficié. Une recherche suffisamment sérieuse pour que le ministère de la Santé ait accordé une subvention au laboratoire. Objectif : approfondir l'étude et comparer l'effet du médicament avec un placebo (un produit totalement neutre dont l'aspect est le même que celui du médicament).
Administré 90 minutes avant la séance, cet anti-migraineux agit sur le cerveau émotionnel pendant que le patient est invité à raconter son souvenir traumatisant en rédigeant un texte à la première personne. « Lors des deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième séances, le script a été imprimé, sur une seule page, comme un story-board », décrit le journal, ajoutant que le patient doit alors « réactiver son souvenir », une heure et demi toujours après la prise de la molécule.
Des souris aux hommes
Tout commence dans les années 1990, quand le professeur Pascal Roullet, aujourd'hui au Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA) de l'université Paul-Sabatier, teste cet anti-migraineux sur des souris. Il découvre alors que les rongeurs, après avoir été soumis à des sensations désagréables, repartaient explorer la cage après une injection du médicament au lieu de se terrer dans un coin de la cage.
C'est le professeur canadien Alain Brunet qui, dix ans plus tard, teste en premier ce traitement chez des personnes « souffrant de symptômes post-traumatiques chroniques après des agressions ou des accidents de la route », continue le journal. En 2006, il arrive à Toulouse pour partager ses conclusions. Le médicament est alors testé sur des personnes traumatisées par l'explosion de l'usine AZF, en septembre 2001.
Des résultats très encourageants
Huit d'entre elles prennent du Propanolol tandis que 25 autres préfèrent être suivies sans traitement pendant six mois. «Chez les huit patients traités, on a constaté la baisse des symptômes de stress post-traumatique : transpiration, troubles du sommeil, sursauts exagérés », s'enthousiasme le professeur Philippe Birmes, directeur du laboratoire du stress traumatique de Toulouse.
Dans le futur, il espère qu' «on pourra envisager de faire prendre ce médicament à domicile et de ne faire venir le patient que dix minutes».
Le Propanolol, un antiracisime ?
Dans une étude publiée en mars 2012, des chercheurs de l'Université d'Oxford (Grande-Bretagne) affirment que les préjugés raciaux peuvent être affaiblis grâce au Propranolol. L'étude a été réalisée sur un panel très restreint : seulement 36 hommes d'origine ethnique blanche. Mais les résultats de l'essai avec le médicament sont semble-t-il très clairs. «Seulement un tiers des personnes testées avec le Propranolol ont eu un score montrant un préjugé raciste, alors qu'en général c'est quelque chose qu'on observe sur une grande majorité des gens», explique Sylvia Terbeck, la chercheuse du département de psychologie expérimentale de l'université d'Oxford qui a réalisé les recherches, publiées dans la revue Psychopharmacology.
Source : LeParisien.fr
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