NDE, parlons-en tant qu'il fait beau

 

Parlons-en tant qu’il fait beau

Par Danielle Vermeulen, anthropologue

Danielle Vermeulen est Docteur en anthropologie. En 1994, elle présentait sa thèse sur les EFM. Elle en a tiré un ouvrage intéressant à plus d’un titre qui vient de paraître aux Editions Albiana, "L’entre-deux-vies". Elle nous présente ici le résumé de sa thèse sous le titre ci-dessus et pour sous-titre :

L’expérience de "mort-retour"(E.M.R.), preuve d’une survie après la mort ?

A l’aube du XXI° siècle, l’être humain n’a toujours pas réussi à trouver une réponse à la seule et unique question qu’il se pose depuis qu’il est doué de raison : "La vie continue-t-elle après la mort et si oui, sous quelle forme ?"

Chaque société, à chaque époque, a tenté d’apporter sa réponse. Aucune n’est encore parvenue à donner une réponse définitive. Dans notre société occidentale, placée dans le contexte de la mort "occultée, ensauvagée" et de la mort biologique médicalisée, les expériences du vécu d’un au-delà de la mort dont font état les millions d’êtres humains qui ont pu être maintenant réanimés, présentent, dans leur contenu et dans leurs conséquences, une continuité spatio-temporelle et culturelle constante. De ce fait, elles font "preuve", de l’existence réelle d’une survie aprés la mort pour un nombre sans cesse croissant d’êtres humains.

Comment une expérience ayant un caractère aussi "terre à terre" et profane que celui de la mort dite "clinique" où le patient présente un arrêt de ses fonctions circulatoire et/ou respiratoire et/ou cérébrale, diagnostiqué médicalement en milieu hospitalier, peut-elle devenir "sacrée" au point d’être considrée par ceux qui l’ont vécue et aussi par ceux qui en ont eu seulement connaissance, comme la preuve "indubitable" de l’existence de cette survie aprés la mort ?

L’objectif de notre recherche a été de démontrer qu’il avait pu en être ainsi parce que cette expérience était devenue "toute autre", qu’elle avait revêtu le caractère d’une hiérophanie et qu’elle était vécue comme la manifestation d’une transcendance, semblable en cela à une expérience mystique telle qu’ont pu la décrire, par exemple, les grands mystiques chrétiens espagnols du XVI° siècle. Mais pour que cela ait pu se réaliser, il aura fallu qu’au préalable elle se trouva placée dans un contexte médical/profane qui en reconnaissait l’existence réelle et dans un contexte social particulier. Destabilisé par une situation de crise économique où les valeurs existentielles, qui avaient paru essentielles jusque là, avaient été rejetées au profit de valeurs plus matérialistes, ce contexte social portait ses membres, par un retour en arrière, à rechercher de nouvelles assurances dans le spirituel.

Cette "valeur sacrée", accordée par un certain nombre de non-connaisseurs, à "l’expérience de mort-retour" (E.M.R.), a conféré à ceux qui se définissent comme "les revenus de l’au-delà de la mort", un statut social de "témoins de l’au-delà", apportant "preuve" de sa réalité, qui présente de multiples correspondances avec celui des ’das log des pays himalayens comme le Tibet ou le Bouthan de l’Est.

Dans le contexte de la mort niée ontologiquement, devenue "obscène" telle qu’elle a lieu en milieu hospitalier où meurt 72 % de la population française, certains de ces témoins offrent aux personnes qui accompagnent ceux qui vont mourir et à leur famille, une aide non négligeable pour mieux vivre ces derniers moments. Par cette perspective de continuité d’une vie heureuse dans l’au-delà qu’ils annoncent, ils donnent, ainsi, une possibilité aux malades en phase terminale et aux familles de mieux accepter ce départ inévitable.

Neil Diamond - Jonathan Livingston Goeland